Les alimenteurs
Médecine / Alimentation
Après s’être intéressée, avec Brigitte Rossigneux déjà, à l’industrie pharmaceutique (Les Médicamenteurs), puis avoir enquêté sur l’omniprésence des substances chimiques dans notre environnement (La Grande Invasion), la documentariste Stéphane Horel se penche sur le contenu de nos assiettes.
Ils sont partout. À la maison, à la cantine, au restaurant, les aliments transformés remplissent nos assiettes. Gagnée par l’obésité, le diabète et les maladies cardiaques, le goût émoussé par les saveurs faciles et factices de la gastronomie, la population n’a plus le choix. À moins d’entamer une grève de la faim.
Depuis cinquante ans, l’industrie agro-alimentaire campe à notre table. Et elle se goinfre. Indulgence ou complaisance à l’égard de cette prise de pouvoir, les autorités n’exercent qu’un contrôle limité sur cette montagne de victuailles trop grasses, trop sucrées, trop salées. Peu importe que notre santé fasse les frais de ses petits plats, l’industrie agroalimentaire a carte blanche.
« On a vécu dans les années 1980-2000 ce que tous les pays occidentaux ont vécu : une augmentation très importante du surpoids et de l’obésité chez l’enfant et chez l’adulte, avec des chiffres extrêmement impressionnants », rappelle Serge Hercberg, directeur du Programme national nutrition santé (PNNS) mis en place dans un souci de santé publique par le gouvernement de Lionel Jospin en 2001. Pointée du doigt, la responsabilité des industriels de l’agroalimentaire, qui mettent sur nos tables plus de 500 000 produits différents. « L’offre alimentaire proposée en France est extrêmement transformée par rapport aux aliments de base, avec pertes de minéraux, de vitamines et de tout un tas de nutriments nécessaires à la bonne santé de l’organisme, relève Pierre Meneton, chargé de recherche à l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale). L’autre conséquence de cette transformation est l’ajout de produits en quantité plus ou moins importante : des sucres, du sel, des graisses, des colorants, des conservateurs. »
De : Stéphane Horel, Brigitte Rossigneux // 2012.
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